On peut s’interroger sur le choix d’Aristide Briand en logotype du LAIC-laïcités, et pas d’une Marianne, d’un autre “père” de la Laïcité comme Ferdinand Buisson, Jean Jaurès ou même d’une association, comme on en voit souvent, de différents signes religieux.
Précisément parce que Briand, un des « Pères » fondateurs de la laïcité et de la loi du 09 décembre 1905, a toujours considéré toutes les croyances quelles qu’elles soient (religieuses ou non), sur un même pied, en ne la réduisant jamais à un seul de ses éléments, que ce soit la neutralité ou la liberté de religion.
Né le 28 mars 1862 à Nantes, et mort le 7 mars 1932 à Paris, Briand fait assurément partie des personnalités les plus emblématiques de la IIIème République, notamment parce qu’il y connut une des plus longues carrières ministérielles. Avocat, journaliste, proche de René Viviani et de Jean Jaurès, il est élu député en 1902. En juin 1903, une commission parlementaire spéciale présidée par Ferdinand Buisson (alors député) et composée de trente-trois membres, est chargée, par la Chambre des députés, d’étudier les propositions de loi relatives à la séparation des Eglises et de l’Etat. Aristide Briand est élu rapporteur provisoire puis rapporteur définitif en 1904.
Afin de rédiger son Rapport, il s’entoure de collaborateurs de religions différentes, dont Louis Méjan, et Paul Grunebaum-Ballin. Ce Rapport analyse, dans une première, l’histoire des relations entre l’Etat et les différents cultes en France mais aussi à l’étranger. Dans une seconde partie, il précise l’esprit de la loi et la façon dont chaque article doit être interprété. Bien que souvent critiqué, le Rapport constitue clairement un guide à l’attention des pouvoirs publics et des cultes.
Lors des débats parlementaires, Briand défendra une vision de la laïcité complète, globale et protectrice des libertés, tout en affirmant avec fermeté les différentes obligations en découlant, notamment à l’égard des personnes publiques. Il s’opposera ainsi à une conception anticléricale, défendue par certains députés comme Maurice Allard, mais aussi au maintien du Concordat, souhaité par les conservateurs.
Le jour du vote définitif de la loi devant la Chambre, le 3 juillet 1905, Briand prononcera d’ailleurs un discours dont sera ordonné l’affichage, dans lequel il résumait le texte, en estimant qu’il fallait « que la séparation ne donnât pas le signal des luttes confessionnelles ; il fallait que la loi se montrât respectueuse de toutes les croyances et leur laissât la faculté de s’exprimer librement »[1].
Il sera onze fois Président du Conseil, vingt-six fois ministre, notamment de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes, de la Justice, et des Affaires étrangères.
Fervent défenseur d’une politique de paix et de collaboration européenne mais aussi internationale, coauteur du Pacte Briand-Kellogg de 1928 qui décide de mettre « la guerre hors la loi », il devient prix Nobel de la Paix en 1926.
[1] Annales de la Chambre des députés, séance du 3 juillet 1905, p. 1238.